La création d’une SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle) permet de bénéficier d’une grande flexibilité dans la rédaction des statuts et l’organisation.
Cette forme juridique offre la possibilité au président de profiter d’une protection sociale similaire à celle des salariés. Elle simplifie aussi la transmission de la structure, que ce soit par cession d’actions ou par succession.
Une SASU peut distribuer des plus-values sous forme de dividendes quand elle enregistre des bénéfices au terme d’un exercice comptable.
Ceux-ci sont soumis à l’impôt sur le revenu (IR) ou à l’impôt sur les sociétés (IS) selon le régime d’imposition de l’associé. Pour avoir davantage d’informations sur sujet en 2025, nous vous proposons de :
- maîtriser la notion de dividendes en SASU,
- savoir comment l’administration fiscale taxe ces profits redistribués,
- connaître les conditions dans lesquelles les gains peuvent être versés en SASU.
Grâce à nos exemples et conseils avisés, vous pourrez par ailleurs éviter les erreurs de débutants et prévenir d’éventuelles sanctions.
Dividendes en SASU : de quoi s’agit-il et quelles sont les conditions de versement ?
Comme dans le cas d’un montage holding SCI (Société Civile Immobilière), une SASU peut verser à son associé un bénéfice distribuable (plus généralement appelé dividendes).
Pour ce faire, le dirigeant de l’entreprise doit établir et approuver les comptes annuels de sa structure. D’après l’article L227-9 du Code de commerce, il possède un délai de 6 mois à partir de la clôture de l’exercice pour se prononcer.
Les frais de la constitution de la compagnie doivent être entièrement amortis et les apports en numéraire doivent être versés en totalité sur le compte de la firme.
La législation française impose la libération d’au moins 50 % du capital social de la SASU dès sa création et le reste dans les cinq années qui suivent son immatriculation. La distribution des dividendes ne peut avoir lieu que si l’exploitant met en réserve 5 % du bénéfice qu’il souhaite recevoir.
Cette somme lui offre la possibilité de pallier les futures difficultés économiques et de pérenniser l’activité de son établissement. Cette opération n’est plus cependant obligatoire quand le montant de la réserve légale atteint 10 % du capital social de l’entreprise.
Pour que le versement soit effectif, le président doit le signifier en dressant un procès-verbal dans le registre des décisions de l’associé unique.
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Quelle imposition des dividendes en SASU pour une personne physique ?
Les parts de bénéfices qui intègrent le foyer fiscal du président d’une Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle se classent dans la catégorie des revenus de capitaux mobiliers.
Ils sont ainsi assujettis à l’imposition classique ou à la Flat Tax.
Que savoir de la taxation traditionnelle des dividendes en SASU ?
L’unique actionnaire peut choisir d’être taxé suivant le barème progressif de l’impôt sur le revenu et aux titres des prélèvements sociaux. Le cas échéant, les taux mentionnés dans le tableau qui suivent vont s’appliquer aux sommes reçues.
Tranche de revenu imposable | Taux d’imposition |
Inférieur à 11 294 euros | 0 % |
Entre 11 294 euros et 28 797 euros | 11 % |
Entre 28 798 euros et 82 341 euros | 30 % |
Entre 82 342 euros et 177 106 euros | 41 % |
Supérieur à 177 106 euros | 45 % |
Le dirigeant bénéficie d’un abattement de 40 % sur la valeur brute de ses dividendes. Mais pour cela, il doit cocher la case 2OP du formulaire Cerfa n° 2042 pendant qu’il déclare ses revenus. Il peut aussi profiter d’une exonération de 10 % pour ses frais professionnels, à condition de garder toutes les preuves de ses activités.
L’associé a la possibilité de déduire du montant imposable 6,8 % au titre de la CSG (Contribution Sociale Généralisée). Pour ce faire, il doit mentionner dans la case 2BH les sommes déjà soumises aux prélèvements sociaux.
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Cas pratique : sans déduction de la CSG
Le montant des dividendes bruts que perçoit Sébastien, propriétaire d’une SASU, est de 50 000 €. Assujetti au barème progressif de l’impôt sur le revenu (IR), sa tranche marginale d’imposition (TMI) est de 30 %. Admettons qu’il bénéficie :
- d’un abattement de 40 % sur les dividendes.
- d’une exonération forfaitaire de 10 % pour frais professionnels.
- d’une déduction de la CSG à hauteur de 6,8 % sur le montant imposable des dividendes.
Voici les informations à retenir dans cette situation.
Calcul de la base imposable après abattements
Montant brut des dividendes : 50 000 €.
Abattement de 40 % : 50 000 € × 40 % = 20 000 €.
Montant net après abattement : 50 000 € – 20 000 € = 30 000 €.
Exonération de 10 % pour frais professionnels : 30 000 €×10 % = 3 000 €.
Base imposable réduite : 30 000 € – 3 000 € = 27 000 €.
Calcul de l’impôt sur le revenu
Montant imposable : 27 000 €.
Le dirigeant est imposé comme il suit : (11 294 € x 0 %) + ([27 000- 11 294] x 11 %) = 1 727,66 €.
Total d’impôts sur les revenus : 1 727,66 €.
Calcul des prélèvements sociaux
Taux des prélèvements sociaux : 17,2 %
Base de calcul : 50 000 € (montant brut des dividendes)
Montant des prélèvements sociaux : 50 000 €× 17,2 % = 8 600 €.
Total des prélèvements
Impôt sur le revenu : 1 727,66 €.
Prélèvements sociaux : 8 600 €.
Total à payer : 1 727,66 € + 8 600 € = 10 327,66 €.
Cas pratique 2 avec déduction de la CSG
Reprenons le même montant brut des dividendes : 50 000 €
- Abattement de 40 % : 50 000 € × 40 % = 20 000 €
- Montant net après abattement : 50 000 € – 20 000 € = 30 000 €
- Exonération de 10 % pour frais professionnels : 30 000 € × 10 % = 3 000 €
- Base imposable réduite avant déduction de la CSG : 30 000 € – 3 000 € = 27 000 €
- Déduction de la CSG à hauteur de 6,8 % : 27 000 € × 6,8 % = 1 836 €
Base imposable finale : 27 000 € – 1 836 € = 25 164 €
Calcul de l’impôt sur le revenu
Montant imposable : 25 164 €
Le dirigeant est imposé comme suit : (11 294 € x 0 %) + ([25 164 € – 11 294 €] x 11 %) = 1 528,70 €
Total d’impôts sur les revenus : 1 528,70 €
Calcul des prélèvements sociaux
Taux des prélèvements sociaux : 17,2 %
Base de calcul : 50 000 € (montant brut des dividendes)
Montant des prélèvements sociaux : 50 000 € × 17,2 % = 8 600 €
Total des prélèvements :
Impôt sur le revenu : 1 528,70 €
Prélèvements sociaux : 8 600 €
Total à payer : 1 528,70 € + 8 600 € = 10 128,70 €
Que savoir de la Flat tax sur les dividendes en SASU ?
Le Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) s’élève à 30 %, dont 12,8 % pour l’IR et 17,2 % pour les prélèvements sociaux.
Le prélèvement forfaitaire non libératoire (PFNL) étant égal au 12,8 %, cet acompte est déduit de l’impôt sur le revenu final que doit payer le président de la SASU lors de sa déclaration annuelle.
L’associé peut aussi solliciter une dispense du PFNL. Pour cela, son revenu fiscal de référence N-2 doit rester inférieur à 50 000 euros s’il est célibataire et en dessous de 75 000 euros s’il est marié ou pacsé.
La demande doit par ailleurs se faire au plus tard le 30 novembre de l’année qui précède celle du paiement de l’impôt. Si vous souhaitez par exemple en bénéficier en 2026, vous devez adresser votre requête à l’administration fiscale avant le 30 novembre 2025.
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Cas pratique n° 2
Montant brut des dividendes perçus : 50 000 €.
Régime fiscal choisi : Flat Tax (Prélèvement Forfaitaire Unique – PFU).
Répartition des taux :
- 12,8 % pour l’impôt sur le revenu (IR).
- 17,2 % pour les prélèvements sociaux.
Le président n’a pas demandé de dispense pour le prélèvement forfaitaire non libératoire (PFNL).
Calcul global de la Flat Tax
Taux global de la Flat Tax : 30 %
Montant brut des dividendes : 50 000 €.
Prélèvements forfaitaires : 50 000 €× 30 % = 15 000 €.
Total à payer au titre de la Flat Tax : 15 000 €.
Répartition des prélèvements
- Prélèvements sociaux (17,2 %)
Base : 50 000 €.
Calcul : 50 000 €× 17,2 % = 8 600 €.
- Impôt sur le revenu (12,8 %)
Base : 50 000 €.
Calcul : 50 000 €× 12,8 % = 6 400 €.
Acompte du Prélèvement Forfaitaire Non Libératoire (PFNL)
Ce montant est prélevé au moment de la distribution des dividendes et constitue un acompte sur l’impôt sur le revenu dû lors de la déclaration annuelle.
Montant prélevé à la source : 50 000 €× 12,8 % = 6 400 €.
Le président peut éviter cet acompte s’il avait demandé une dispense avant le 30 novembre 2024, à condition que son revenu fiscal de référence N-2 (2023) soit inférieur à :
- 50 000 € s’il est célibataire.
- 75 000 € s’il est marié ou pacsé.

Situation finale lors de la déclaration annuelle
Si le montant total de l’impôt sur le revenu final (calculé sur les autres revenus + dividendes) est supérieur à l’acompte (6 400 €), le président devra régler la différence. Quand l’impôt final est inférieur à cet acompte, l’administration fiscale rembourse l’excédent.
Comparaison entre Flat tax et barème progressif
Critères | Barème progressif de l’impôt sur le revenu | Flat Tax (PFU) |
Base imposable | 27 000 € après abattements | 50 000 € |
Impôt sur le revenu | 1 727,66 € | 6 400 € |
Prélèvements sociaux | 8 600 € | 8 600 € |
Total des prélèvements | 10 327,66 € | 15 000 € |
Avantage fiscal | Abattements + déductions (CSG) | Simplicité + prélèvement unique |
Conclusion
Dans l’exemple précédent, la Flat tax (15 000 €) est moins avantageuse que le barème progressif (10 327,66 €) pour un dirigeant dans une tranche marginale d’imposition modérée (30 %).
Le PFU reste une solution intéressante si le président de la SASU souhaite éviter des calculs complexes ou si ses autres revenus le placent dans une tranche d’imposition élevée.
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Que savoir de l’imposition des dividendes en SASU pour une personne morale ?
Les dividendes qu’une SASU verse à une société peuvent être classés dans la catégorie des BIC (Bénéfices Industriels et Commerciaux) ou des BNC (Bénéfices Non Commerciaux).
Cette différenciation dépend de l’activité de l’entreprise, de la nature de ses revenus. Deux régimes fiscaux peuvent s’appliquer ici : le régime mère-fille et l’intégration fiscale.
La fiscalité des parts de bénéfices avec l’option de l’intégration fiscale
Avec ce dispositif, les dividendes sont exonérés des cotisations sociales, de charges et de l’IS.
Ce mécanisme facilite la consolidation des résultats fiscaux des entreprises et permet d’inclure les gains que reçoit la société mère dans le calcul des impôts.
Les conditions à remplir pour profiter de ces atouts sont :
- les sociétés du groupe doivent être toutes soumises à l’IS,
- la filiale détient moins de 5 % du capital de la société mère,
- Les structures clôturent leurs exercices comptables au même moment.
Une quote-part pour les frais et charges de 1 % doit être réintégrée dans la base imposable de la structure qui reçoit les dividendes.
La fiscalité des dividendes en SASU dans le régime mère-fille
La société mère bénéficie d’une exonération de l’imposition des dividendes à hauteur de 95 %. Pour cela, les conditions suivantes doivent être respectées :
- les deux entreprises doivent être assujetties à l’IS,
- la durée de détention minimale des parts est de deux ans,
- la société mère détient au moins 5 % du capital de la filiale.
Dans ce système, seuls 5 % du montant des dividendes sont soumis à l’IS.
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Comment optimiser l’imposition des dividendes en SASU ?
De nombreuses stratégies fiscales existent pour permettre de réduire le montant des impôts à payer sur les dividendes qu’un associé unique reçoit.
Pour prévenir des fraudes, celui-ci ne doit en revanche que se servir des méthodes légales.
Faites des simulations pour choisir entre le PFU et le barème progressif de l’IR
Pour prendre les bonnes décisions, tenez compte de votre situation fiscale personnelle et du TMI qui s’applique à votre foyer.
Servez-vous ensuite des outils dédiés pour calculer le montant des taxes que vous devez payer dans les deux cas. Effectuez cette opération de nombreuses fois pour éviter toute erreur.
Vous pouvez alors comparer les sommes pour choisir l’option la plus avantageuse entre le PFU et le barème progressif de l’IR. Si vous avez des doutes, demandez de l’aide à un de vos proches ou rapprochez-vous d’un cabinet d’expert-comptable.
Cette solution est très prisée parce que la structure possède les compétences et l’équipe nécessaires pour obtenir des résultats fiables.
Établissez un prévisionnel de l’évolution du chiffre d’affaires et des dividendes futurs
Bien que la Flat tax se compose d’un taux fixe de 30 % des bénéfices, le barème progressif de l’IR évolue. Vous devez donc tenir compte de ce paramètre avant de choisir un régime d’imposition. L’option à l’impôt sur le revenu est valable pour cinq ans, ce qui vous laisse une certaine marge.
Mais elle représente un poste de dépense important quand le chiffre d’affaires de la SASU augmente de façon exponentielle. Les dividendes distribuables seront plus élevés, ce qui implique le changement du TMI.
Planifiez votre résultat prévisionnel sur de nombreuses années afin de vous assurer que votre tranche de taxation n’excède pas celle de 30 %.
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Que choisir entre le versement d’un salaire ou d’un dividende en SASU ?
Pour prendre la bonne décision, vous devez tenir compte des inconvénients et des avantages de chaque option. Nous vous proposons un comparatif de ces différents points dans le tableau suivant.
Critères | Versement d’un salaire | Distribution de dividendes en SASU |
Coût pour la SASU | Très élevé (environ 82 % de cotisations sociales sur le salaire net). | Moins coûteux (soumis par exemple à une Flat tax de 30 % sans cotisations sociales quand c’est une personne physique). |
Déductibilité fiscale | Rémunération déductible du résultat fiscal, essentiellement la base imposable de la SASU. | Non déductibles du résultat fiscal, ce qui peut augmenter l’imposition de la SASU. |
Protection sociale | Accord des droits à la protection sociale (assurance maladie, retraite). | Pas de protection sociale, ne donne pas de droits à la retraite. |
Cumul avec le chômage | Impossible de cumuler salaire et allocations chômage. | Possibilité de cumuler dividendes et allocations chômage, sous certaines conditions. |
Fréquence des paiements | Il s’agit d’une rémunération régulière qui peut altérer les résultats de la SASU. | Ils sont en général distribués à la fin de chaque année et leur montant dépend de bénéfices que réalise la SASU. |
Validation des trimestres de retraite | Cela permet de valider des trimestres pour la retraite en fonction du salaire perçu. | Cette option ne permet pas de de valider des trimestres pour la retraite. |
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Conclusion
L’imposition des dividendes en SASU dépend de nombreux facteurs comme du régime fiscal et de la nature de l’associé unique. Ces bénéfices sont par exemple soumis au PFU ou au barème de l’IR quand l’actionnaire est une personne physique.
Pour éviter des erreurs, vous devez donc faire attention à ces différents paramètres pendant le calcul des taxes dues. Nous recommandons de vous faire accompagner par un cabinet d’expert-comptable pour gagner du temps et obtenir des résultats fiables.
FAQ
Comment calculer les dividendes dans une SASU ?
Pour calculer les dividendes dans une SASU, commencez par déterminer le bénéfice net de la société. Il s’obtient après la déduction des charges et des impôts.
L’expert-comptable estime la somme distribuable en soustrayant la réserve légale du bénéfice net. Les dividendes bruts sont définis puis les abattements et les exonérations s’appliquent pour avoir le montant final.
Est-ce que les dividendes rentrent dans le revenu fiscal de référence ?
Oui, ils sont considérés comme des revenus de capitaux mobiliers et viennent s’ajouter aux autres recettes du foyer fiscal.
`Ils peuvent influencer le montant total des impôts dus, car ils sont soumis à la flat tax de 30 % ou au barème progressif de l’IR.
Comment éviter l’impôt sur les revenus de dividendes en SASU ?
Vous pouvez opter pour le barème progressif de l’impôt sur le revenu. Il permet d’appliquer un abattement de 40 % sur les dividendes avant leur imposition.
Si les revenus de votre foyer fiscal sont inférieurs à certains seuils, vous pouvez éviter l’acompte de 12,8 % de l’IR en faisant une demande dédiée.
Est-ce que les dividendes sont soumis à l’URSSAF ?
Non, puisqu’ils ne constituent pas une rémunération au sens du droit du travail. Les prélèvements sociaux de 17,2 % appliqués sur les dividendes sont privilégiés comme des contributions sociales.
Ils sont prélevés directement à la source par la SASU lors du versement des profits.
Comment sortir de l’argent de sa société sans impôt ni cotisations ?
Vous pouvez choisir de le faire comme un remboursement de frais professionnels ou de prêt à l’actionnaire.
Ces options doivent être justifiées et conformes à la législation en vigueur pour éviter toute requalification fiscale.
Une autre méthode consiste à verser un salaire modeste pour bénéficier d’une protection sociale tout en minimisant les cotisations. Cette solution implique tout de même des charges.